NU
photomontages
Arles

3/8 juillet 2017
Le Creative Image Lab
2, rue du Docteur Fanton


16/30 juillet 2017
Fontaine Obscure
2, rond Point des Arènes
La Boutique de l’Olivier

Nu Abandon - photomontages

L'exposition NU présentée à Arles montre un ensemble segmenté d'un travail photographique initié en janvier 2017. La série est constituée de treize photomontages réalisés avec un seul modèle. À lorigine de ce travail était était la volonté de réaliser une production sur le corps hors de tout accessoire ou décor, dans un esprit classique de la peinture, particulièrement autour de l'ambiance du Radeau de la Méduse de Théodore Géricault, de ces corps à la dérive. D'autres influences sont entrées ce projet, tels que les lumières flamandes ou encore le travail sur les couleurs et les corps des sujets religieux d'El Greco. Mes influencent sont aussi allées puiser, retrouver et explorer les racines de la photographie. Mais cette production est une œuvre contemporaine. Les outils digitaux sont utilisés, manipulés en les poussant dans leurs limites, pour creuser au plus profond de la matière numérique et donner une expression à la profusion des images de toutes sortes dans notre environnement contemporain.

Le protocole de production est soumis à des règles simples, strictes et immuables, pourtant s'y inscrivent des souplesses, des accidents, des variations et des interprétations. Le modèle, installé en studio sur des draps noirs, est inlassablement scruté en très gros plan. Chaque parcelle du corps est enregistré dans l'appareil avec l'obsession de saisir tous les détails du corps, la peau, les veines, les respirations, les beautés et les défauts. Posé dans un décors construit mais invisible, le corps est installé dans des attitudes le plus souvent neutre, comme laissé à son abandon. Le corps est libéré de ses tensions, abandonné à la suspension du temps. Sans décors matériel, il flotte dans un espace d'un noir profond et infini. Il n'y a pas d'action. Elle a eut lieu certainement avant. Peut-être il y en aura t(il après, si le corps n'est pas mort, s'il est juste endormi, en repos, en méditation, en transe. Le corps que je montre est hors de lui-même. Il est flou, changeant, il n'est pas réel. Il n'est pas rêvé, il rêve, enveloppé dans une auréole de lumière froide.

Les exploits des outils industrialisés et maintenant informatisés ont compressé les mesures, les distances. Je prend le contrepied de l'esprit contemporain, tendu vers l'ultra-immédiat. Je cherche au contraire, à prendre le temps, à le dilater considérablement, pour trouver une monstration de l'humain et de son environnement, plantés dans un temps universel. Le temps de construction d'une photographie redevient le même que celui d'un tableau. La durée est nécessaire pour aller au-delà de l'effet. Laisser la matière infuser lentement durant la fabrication, le processus de production de l'œuvre. Il ne s'agit pas de retouche, ni de correction, ni d'embellissement, ces termes sont graphiques, publicitaires, pour l'entertainment et le divertissement. Il ne s'agit pas de flatter un public, mais d'explorer sa nature intime.

Ce travail est aussi lisible comme un essai sur le temps. Le sujet est enregistré dans un long moment de vie, un temps de multiples respirations. Le photomontage final n'est pas seulement l'image d'un bref instant capturé, attendu, préparé, comme le sont habituellement les photographies, ni même un mélange de plusieurs instants, mais bien une séquence. Travaillées comme des prises de vue cinématographiques, montées sur une timeline, les enregistrements, les photogrammes, deviendraient des films de quelques minutes. Aplatis sur une surface imprimées, ils sont photomontages, deviennent tableaux photographiques.

L'appareil photographique est utilisé, au sens propre, comme un œil. La vision panoramique ne capte pas, un paysage ou un corps, quel qu'il soit, de manière entière et uniforme, sauf dans une première vision très large et rapide. Le regard de l'observateur, s'attarde ensuite sur son sujet par en étudier chaque parcelle avec plus ou moins de netteté, de précision, de détail. Les assemblages ou photomontages réalisés sont donc des constructions artificielles telles celles que notre intelligence recomposent perpétuellement. Dans ce travail les mouvements, les aberrations visuels, les flous, les trames linéaires, expriment aussi les défauts mémoriels. Ces apports volontaires sont dues aux manques de prises de vue sur certaines parties et au montage pendant lequel une interprétation est toujours faite de chaque corps, ou sujet.

La présentation en segments pour l'exposition d'Arles a permis de garder les différents composants de ces ensembles, texture, système d'écriture, sujet, sans réduire les photographies intégrales à l'état de reproductions. Le travail d'agrandissement du sujet par le zoom puis dans le montage, amplifie la taille finale des fichiers, pour produire des photomontages aux dimensions extra-larges. Les tirages photographiques peuvent être réalisés dans des longueurs au-delà des dix mètres. Dans la continuité des plans larges, les fragments sont à nouveau une découpe du corps, ils deviennent des sections autonomes, des photographies sculpturales.

Les protocoles et procédés de réalisation sont spécifiquement mis en place et répétés à chaque prise de vues avec le modèle. Installé sur un fond de drap noir, ses pauses ont en moyenne une durée de trente minutes pour une succession d'enregistrements de plusieurs milliers de photogrammes. Le corps est filmé en très gros plan. Les photographies ne contiennent que très peu d'information, elles sont apparemment noires. À force de superpositions et d'additions, le montage donne forme aux courbes et au modèle. Chacun des points enregistré dans les photogrammes, additionné dans leur multitude, redessine la peau photographiée. Les pièces du puzzle accumulées se superposent plus ou moins justement. À la sortie de dizaines d'heures d'editing, la reconstruction, lentement, laisse apparaître un assemblage pictural reconnaissable en temps que corps humain mais aussi totalement déformé, irréel.

Contrastant avec les protocoles de l'enregistrement, les rafales et le découpage répété à l'envi, le résultat achevé laisse apparaître subtilement une trame constituée de la masse des clichés et, dans le flou des raccords décalés, révèle l'abandon et la douceur d'un objet fragile. La fragilité dévoilée est accentuée par l'installation du corps dans un espace sans matière, sans fond, infini. C'est là qu'apparaît la résonance entre l'image unitaire et le photomontage, résultat de l'accumulation des milliers de photogrammes. L'essence de ces tableaux consiste à révéler la précarité de la nature, extraite du silence de la lumière. Les tableaux en grands formats vont sublimer la beauté du vivant. Le changement d'échelle, au delà da la mesure humaine, vont modifier la perception. Le décalage du regard et de la perception apportent une autre dimension, cosmique, spirituelle.

Guillaume Dimanche


NU Arles

P12_5018
Tirage Epson sur Ultrasmooth Hahnemühle 305g - collé sur Dibond
170 x 127 cm


NU Arles

P10_3000 segment
40 x 60 cm
Tirage Epson sur Ultrasmooth Hahnemühle 305g - collé sur dibond

P03_1731 segment
40 x 60 cm
Tirage Epson sur Ultrasmooth Hahnemühle 305g - collé sur dibond

P13_2330 segment
40 x 60 cm
Tirage Epson sur Ultrasmooth Hahnemühle 305g - collé sur dibond

NU Arles

P09_2630 segment
40 x 60 cm
Tirage Epson sur Ultrasmooth Hahnemühle 305g - collé sur dibond

P04_1841 segment
40 x 60 cm
Tirage Epson sur Ultrasmooth Hahnemühle 305g - collé sur dibond

P06_2916 segment
40 x 60 cm
Tirage Epson sur Ultrasmooth Hahnemühle 305g - collé sur dibond

NU Arles

P08_1945 segment
120 x 320 cm
Tirage Epson sur Ultrasmooth Hahnemühle 305g

P12_5018

NU Arles

P12_5018

P10_3000 segment
P03_1731 segment
P13_2330 segment

NU Arles